Caroline Vély avec François BAYROU

Caroline Vély avec François BAYROU

lundi 26 février 2007

François Bayrou propose la " social- économie "

Le candidat centriste s'engage à compenser intégralement, par des économies, ses 21 milliards de dépenses nouvelles.

FRANÇOIS BAYROU continue à jouer des coudes. Entre la voie sociale de Ségolène Royal à 35 milliards d'euros et la piste libérale de Nicolas Sarkozy à 31,7 milliards, le candidat UDF a choisi le chemin médian de la « social-économie » à... zéro euro. Ou plus précisément à 21 milliards mais entièrement financés par des mesures d'économie. Un scénario bâti sur des hypothèses plus prudentes que celles de ses principaux concurrents, 2 % de croissance (au lieu de 2,25 % pour Nicolas Sarkozy, 2,5 % pour Ségolène Royal).
François Bayrou a placé la réduction de la dette publique française au coeur de son programme économique. « Lutter contre son accroissement, ça n'est pas un geste de théoricien, c'est un combat social », a-t-il affirmé en soulignant que les premières victimes de la dette sont les personnes fragiles. Au passage, il distribue les mauvais points tant à son rival de l'UMP qu'à sa concurrente du PS qui « à chaque réunion publique ajoutent un, deux, dix milliards d'euros de dépenses supplémentaires. Cette attitude est irresponsable ». Et plus particulièrement celle de Nicolas Sarkozy, à qui François Bayrou a réservé l'essentiel de ses piques, de promettre une baisse de quatre points des prélèvements obligatoires. Car « au plus beau temps des années Thatcher et Reagan, personne n'a baissé les prélèvements obligatoires de plus de 1,5 point. Vouloir faire quatre c'est impossible, à moins de vouloir faire trois fois mieux que Thatcher ».
En tout cas François Bayrou l'assure, il ne prendra « aucun engagement qui ne soit gagé par une économie ». Hors périodes de récession, l'interdiction de financer par la dette les dépenses courantes de l'État sera de toute façon gravée dans la Constitution. Côté engagements donc, le candidat a décliné ses promesses sur trois axes : les entreprises et la recherche, la fiscalité et les impôts, l'emploi et le pouvoir d'achat. Avec à chaque fois des propositions pour séduire l'électorat de droite, celui de gauche et jusqu'aux écologistes. Aux premiers, il promet la réforme des régimes spéciaux de retraite, un climat « amical » pour les entreprises avec un small business act à la française pour les petites et un ISF à base large (hors oeuvres d'art et outil de travail) mais à un taux plus faible. Aux deuxièmes, il propose la revalorisation du minimum vieillesse et des petites retraites, l'unification des minima sociaux cumulables temporairement avec un salaire. Aux troisièmes enfin, il annonce une taxe sur les énergies fossiles.
Et pour tout de même se démarquer de ses deux grands rivaux, il avance des pistes alternatives à leurs propositions emblématiques. Le smic à 1 500 euros de Ségolène Royal ? Plutôt « alléger les charges pour que les salaires augmentent, que prendre la décision brutale d'augmenter le smic ».
Critiques à gauche, silence à droite
L'exonération de charges et d'impôt pour les heures supplémentaires que prône Nicolas Sarkozy ? Plutôt « majorer de 35 % ces heures supplémentaires entre la 35e et la 39e. Les cotisations sociales seront réduites en proportion afin que les entreprises ne supportent aucun coût supplémentaire ». Et pour enfoncer le clou, le candidat centriste s'est fendu d'un plaidoyer en faveur d'une Banque centrale européenne que ses deux rivaux avaient largement critiquée.
Résultat de ces propositions, François Bayrou a subi un feu nourri de critiques sur son aile gauche. « Libéral et droitier », « tout comme Nicolas Sarkozy », « absence d'ambition et de volonté », ont immédiatement accusé les snipers du Parti socialiste : « François Bayrou fait l'impasse sur la question du pouvoir d'achat... Il propose davantage d'heures supplémentaires aux salariés qui travaillent déjà... Il propose de ne pas toucher aux réformes fiscales injustes ». À l'UMP, on a préféré le silence.

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