Caroline Vély avec François BAYROU

Caroline Vély avec François BAYROU

vendredi 6 avril 2007

François Bayrou dit être un "révolutionnaire paisible"

vendredi 6 avril 2007, 9h12


AGEN, Lot-et-Garonne (Reuters) - "Révolutionnaire paisible" occupé à "faire naître une force politique nouvelle" en France, François Bayrou dit vivre cette campagne électorale avec "bonheur" et "gravité".

Dans un entretien accordé à Reuters jeudi soir en marge d'un déplacement à Agen, le candidat de l'UDF à l'élection présidentielle lance un message à un Parti socialiste en mal de "modernisation" et dénonce le "climat de très grande tension" créé, dit-il, par le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy.

Reuters : A l'étranger, vous êtes considéré comme quelqu'un qui veut casser le système. Etes-vous un révolutionnaire ?
François Bayrou : "D'une certaine manière oui, un révolutionnaire paisible. Nos pays en général, et la France en tout cas, ont besoin de tourner une page, d'avoir une révolution tranquille, calme, qui fasse que leur pays se reconstruise".

"C'est un grand pays la France, avec beaucoup d'atouts, mais qui est aussi en crise profonde. Notre démocratie n'a pas permis de poser les réformes depuis 25 ans. Deuxièmement, nous avons un Etat très pesant et qui ne répond pas aux attentes des Français".

"Nous sommes dans un pays très centralisé, où les décisions se prennent toujours à Paris et ça ne correspond plus vraiment aux temps que nous vivons".

Reuters: Vous dites que les socialistes sont séduits par votre idée, comment le savez-vous ? Est-ce à dire que vous négociez avec eux ?
François Bayrou : "Parce qu'ils m'appellent, par dizaines ! Ils me disent 'tu as raison'. Le Parti socialiste français a un problème d'aggiornamento, de remise à jour, de modernisation de la pensée. Quand on voit ce que sont les autres partis socialistes européens, on se dit que les réflexions nécessaires n'ont pas été conduites en France et ça va être l'occasion, pour les citoyens, d'imposer cette réflexion".

Reuters : Considérez-vous Nicolas Sarkozy comme quelqu'un de dangereux ?François Bayrou : "Je ne veux pas employer des mots trop virulents mais Nicolas Sarkozy est un homme qui a fondé sa campagne électorale, depuis des années, sur la montée des affrontements entre les catégories de Français".

"Il dit qu'il y a deux France, une France honnête et une France malhonnête, ce qui n'est la réalité d'aucun pays du monde. De ce point de vue-là, il organise dans la société un climat de très grande tension et ce climat n'est pas un climat favorable à la paix civile, à la sécurité".

"Tous les chefs d'Etat considèrent que leur première mission, c'est de faire en sorte que l'on vive dans une société apaisée. Si on veut de la sécurité dans les wagons de chemin de fer et de métro, il faut que tout le monde se sente responsable de la bonne tenue générale et pas que la police vienne constamment".

Reuters : Pensez-vous obtenir le débat entre candidats que vous réclamez ?
François Bayrou : "Dans toutes les grandes démocraties, il faut qu'avant les élections, il y ait des débats entre les candidats. Les citoyens ont besoin de sortir un peu de ces perpétuels messages qu'on entend tout le temps; ils ont besoin de voir comment se comportent les candidats entre eux".

"Il y a trois candidats éligibles dans la vie politique française : Nicolas Sarkozy, (la socialiste) Ségolène Royal et moi. Les Français vont avoir à sélectionner les deux finalistes et je suis persuadé que si on leur demande, ils veulent un débat".

Reuters : Comment vivez-vous ce qui vous arrive dans cette campagne ? Comme une chance, une bénédiction ?

François Bayrou : "C'est pas réellement une chance, c'est un très long combat. Je l'ai commencé solitairement il y a plus de dix ans, parce que je pense depuis longtemps que la société française a besoin d'avoir une démocratie nouvelle qui ressemble davantage aux grandes démocraties du monde qu'à cette espèce de monarchie dans laquelle on vit en France, où c'est l'arbitraire qui règne".

"Tout cela ne peut être changé que par une force politique nouvelle ; on est en train de faire apparaître cette force politique nouvelle dans le paysage politique français".

Reuters : Etes-vous euphorique ?

François Bayrou : "Je ressens (cette campagne) comme un moment formidable de ma vie, en même temps avec un grand sentiment de responsabilité. Les Français - 4.000 personnes viennent me voir ce soir à Agen, une petite ville (NDLR : agglomération de 62.000 habitants) - mettent en moi de l'espoir, pas seulement pour la politique, mais pour leur vie, pour leur famille".

"Je ressens une responsabilité, de la gravité et en même temps j'ai le bonheur de rencontrer un peuple et des citoyens auxquels je crois beaucoup".

Reuters : Vous qui êtes amateur de littérature, avez-vous le temps de lire ces temps-ci ?

François Bayrou: "Toujours un petit peu. Là, je lis des romans policiers le soir avant d'aller me coucher..."

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